Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et le tableau
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
Sur les romans que je lis
Sur les journaux que j’écris
Tracts qui se perdent dans le vent
J’écris ton nom
Sur les cars de CRS
Sur les casques et boucliers
Sur les préfectures et l’Élysée
J’écris ton nom
Sur le monde espéré
Sur les terres libérées
Sur l’utopie qui me guide
J’écris ton nom
Sur les logis occupés
Sur le pain conquis et gratuit
Sur le temps rassurant
J’écris ton nom
Sur la Nature qui se défend
Sur les bulldozers pourris
Sur les projets abandonnés
J’écris ton nom
Sur l’horizon derrière les barreaux
Sur la justice corrompue
Sur le sol de la prison
J’écris ton nom
Sur chaque frontière franchie
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom
Sur la peur de l’Effondrement
Sur l’inondation et la canicule
Sur la nécessaire convivialité
J’écris ton nom
Sur les crêtes arc-en-ciel
Sur une guitare électrique
Sur les paroles critiques
J’écris ton nom
Sur les parcours chaotiques
Sur la banderole déployée
Sur la manif sauvage
J’écris ton nom
Sur les murs d’un squat
Sur la cabane d’une ZAD
Sur la porte de chez moi
J’écris ton nom
Sur mes rêves brisées
Sur la rupture avec le monde
Sur ma solitude à combattre
J’écris ton nom
Sur mon ami quotidien
Sur mon partenaire de galère
Sur mon chien sans laisse
J’écris ton nom
Sur tout ce que je subis
Sur l’émancipation de la famille
Sur ma vie queer
J’écris ton nom
Sur nos corps engagés
Sur le front de mes ami·es
Sur chaque poing qui se lève
J’écris ton nom
Sur l’assemblée réunie
Sur la foule sur la démocratie
Sur le processus de consensus
J’écris ton nom
Sur la répression qui s’abat
Sur la police qui nous abat
Sur nos morts sans fin
J’écris ton nom
Sur le désespoir noir
Sur la vengeance violente
Bombe de peinture ou de souffre
J’écris ton nom
Sur l’insurrection qui vient
Sur la paix acquise
Sur la vie enfin permise
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Anarchie.