Stop, plus un ceste ! – La distro des 100noms

L’inceste a été présent dans mon enfance, de plusieurs façons. Non pas par de l’éducation affective et sexuelle en primaire comme les droitards le redoutent. Non, d’abord, c’est venu par Youtube. Pas de trucs bien explicites, au contraire justement. C’était des vidéos d’artwork fait par des fans d’un dessin animé que j’adorais étant enfant. Des bds et des cartoons qui romantisaient une relation entre frère et sœur. Pas de sexualité, ou alors suffisamment bien sous-entendue pour éveiller ma curiosité sans atteindre la compréhension de l’enfant que j’étais. Puis c’est venu par le collège, dans les livres que je lisais. Là, il y avait des descriptions bien plus explicites. Et on parle de grande littérature hein, pas des romans pour ados qui bien justement s’en tenait loin à ce que je sache. Zola, Edmond Rostand, Cocteau, Céline, Nabokov, Wajdi Mouawad, Murakami … Tout se mélange. Il y avait au programme plus de contenus sexuellement choquants que si j’avais eu le kamasutra entre les mains. L’inceste n’était pas au centre, entre le travail du sexe, les viols, la pédophilie, les violences conjugales ou en tout genre, ce n’était qu’une chose parmi tant d’autres. Il y avait mes lectures personnelles aussi. À force de parcourir hasardeusement les rayons des bibliothèques et les stands des brocantes, on tombait autant sur des émerveillements que des horreurs, l’un et l’autre marquant et construisant l’ado que je devenais. Bien sûr, il y avait le porno. Toute une thématiques de relation intra-familiales vendaient bien sur les sites de vidéos, comme sur les comics. « Step-sister », belle-mère, père, cousins, orgies familiales, tout y passait. C’était présenté, pas toujours comme consentis, mais toujours bénéfique. Surtout pour celui qui domine l’autre. C’était ce qui était mis en avant, ce qui était normal.

Alors il n’est pas très étonnant qu’en baignant dans cette culture du viol, j’en ai été victime. Quand c’est arrivé, ça ne m’a pas semblé anormal. Le seul truc que j’avais appris, c’est qu’il fallait que ça reste secret. Sauf que ça ne se passait pas aussi bien qu’on me le faisait penser. La honte, ça, n’était décrite nulle part. La honte de subir et de ne pas pouvoir en parler. La honte de n’avoir aucune idée de ce qu’est la sexualité et de s’en faire imposer une idée, la seule qu’on ai. La honte pour la famille si ça se savait, la honte d’être fautif. La honte de se faire violer et de devoir se taire.

Pas qu’il aurait fallu me couper de ces médias, c’est ce que mes parents avaient fait avec un contrôle parental d’ailleurs. Encore moins vivre en autarcie comme des mormons, c’est sûrement le pire. On ne peut pas empêcher un enfant, ou un adulte, d’être confronté à un type de contenu, aussi incestueux soit-il. C’est le taboo qui rend la chose plus horrible encore. C’est le silence qui crée la honte, qui laisse faire les violences. Bien sûr que c’est terrible d’assister d’une manière ou d’une autre à cette horreur. Mais ça sera pire si l’on ne peut pas en parler, si on doit faire genre de ne pas être au courant.

Mais on peut apprendre à mieux y réagir. Alors nique bien la morale catho, il faut parler de sexualité aux enfants, avant qu’ils ne soient mis face à pire. Pas n’importe comment, ça va de soi. J’ai un peu la flemme de développer plus sur ce sujet pour l’instant. Peut-être que je reprendrais ce texte à l’avenir.

En attendant, voici quelques ressources intéressantes :

Définition et Trouvez de l’aide

https://www.incesteparlonsen.com/

Article de la Fédération Anarchiste de Lyon, et d’autres ressources, notamment locales

https://grainedanar.org/tag/inceste/

Wikipédia sur les liens entre anarchisme et les questions affectives et sexuelles (avec un manque de critique de la pédophilie etc?)

https://en.wikipedia.org/wiki/Anarchism_and_issues_related_to_love_and_sex

Brochure « Inceste » sur infokiosques.net

https://infokiosques.net/spip.php?article1665

Brochure « Sensations volées Témoignage d’une victime de violences sexuelles avant l’âge adulte » sur infokiosques.net

https://infokiosques.net/spip.php?article1627

Un texte dans PD la Revue sur les violences dans l’enfance